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Réfugiés, migrants, sans-abri : refuser la concurrence entre les précaires

Tribune parue le 23 septembre 2015 dans Libération

On entend qu’avant d’aider ceux qui arrivent, il faut d’abord aider ceux qui sont déjà là, voire ceux qui sont nés ici. Ce positionnement est dangereux et contraire à la dignité humaine et aux droits fondamentaux.

Depuis que le gouvernement français s’est engagé à accueillir 30 700 migrants Syriens, Irakiens et Érythréens menacés par la guerre et la dictature d’ici 2017, nous voyons monter une polémique nationale sur une prétendue concurrence entre les précaires dans leur accès au logement et à l’hébergement.

L’élan de solidarité porté par les citoyens, élus et associations face au drame vécu par ceux qui fuient les combats et l’extrême pauvreté était d’une urgente nécessité. Il faudra sans doute l’amplifier dans les semaines à venir, pour proposer des conditions d’accueil et d’intégration à la hauteur des flux de populations et des espoirs des migrants qui sollicitent la protection de l’Europe.

Une pénurie dramatique d’hébergements

Cet accueil intervient dans un contexte de pénurie dramatique d’hébergements et de logements accessibles aux plus pauvres, faute d’un développement suffisant de réponses nouvelles que nous appelons pourtant de nos vœux depuis plusieurs années. La situation reste dramatique sur de nombreux territoires à l’approche de l’hiver. Plus de 140 000 personnes n’ont pas de domicile fixe. Seulement une personne sur deux obtient un hébergement via un «115» structurellement débordé. Et seulement un tiers des demandeurs d’asile sont accueillis et accompagnés en centres spécialisés, les CADA, comme le prévoit pourtant la loi. Parallèlement, le développement de l’offre de logements abordables est à la traîne que ce soit dans le parc social ou privé, alimentant ainsi la liste de demandeurs de logements sociaux tout en réduisant les perspectives de sortie de l’hébergement vers des solutions durables.

Les inquiétudes qu’expriment les travailleurs sociaux, les bénévoles, parfois les personnes en situation de précarité elles-mêmes, face aux risques de concurrence entre «pauvres» sont donc compréhensibles. Mais nous entendons ici et là qu’avant d’aider ceux qui arrivent, il faut d’abord aider ceux qui sont déjà là, voire ceux qui sont nés ici. Ce positionnement est dangereux et contraire à la dignité humaine et aux droits fondamentaux. Notre pays, 6ème puissance économique mondiale, peut – et doit – tendre la main à toutes les personnes à la rue, quelle que soit leur situation administrative. L’accueil inconditionnel des personnes en situation de détresse, inscrit dans les textes de notre République, interdit le tri des personnes en fonction de leur statut ou de leur nationalité. Ce principe intangible guide depuis des décennies l’action des associations de lutte contre l’exclusion. Le remettre en cause serait une grave menace à notre pacte social, une entorse aux valeurs républicaines de solidarité et de fraternité.

C’est surtout au manque de moyens que sont confrontées les associations pour garantir cet accueil et donner à tous des perspectives de relogement, d’insertion voire d’intégration. L’annonce par le Premier ministre, devant le Parlement le 16 septembre, d’une enveloppe financière supplémentaire dédiée tant à l’accueil de réfugiés qu’à l’hébergement d’urgence de tous les sans-abri est un signe positif. Il importe cependant que les réponses soient à la hauteur des besoins, et qu’un vaste plan d’ensemble soit anticipé, de manière à éviter l’ouverture de structures sous la pression de l’actualité sans réelle prise en compte de l’ensemble des besoins dans la durée.

Rendre durable l’élan de solidarité

Prolongeons la prise de conscience et l’élan de solidarité qui traverse aujourd’hui la société française pour agir sur tous les maillons de la chaîne et lancer un grand programme de création de dizaines de milliers de places d’hébergement pérennes et de CADA, de mobilisation significative du parc social et privé vacant en faveur des plus précaires et de relance de la production de logements sociaux aujourd’hui en berne.

Si l’Etat se donne cette ambition, l’hébergement d’urgence sera recentré sur son rôle premier : répondre à l’urgence ! Nous serons ainsi en capacité de tendre la main aux migrants qui arrivent en France, mais aussi à tous ceux qui doivent, dans l’urgence, trouver une solution le temps d’accéder à un logement adapté à leur situation.

Trop de personnes sans domicile sont bloquées des mois, voire des années dans des parcours d’errance destructeurs. Elles alternent vie à la rue et hébergement d’urgence, alors qu’elles peuvent théoriquement accéder à un logement privé ou social, à un CADA ou à un hébergement stable. Comment se reconstruire et s’insérer lorsque l’on dort dans un gymnase, dans un centre précaire, que l’on est remis à la rue tous les matins, ballotté d’hôtel en hôtel, loin de tout et sans accompagnement ? Comment se reconstruire et s’insérer lorsque passée la compassion hivernale, on doit retourner vivre sur le trottoir ?

Aujourd’hui, toutes les propositions faites par les citoyens, associations, et les solutions dégagées par les pouvoirs publics prouvent que «quand on veut, on peut». Alors, plus que jamais, rendons durable cet élan de solidarité pour combattre toutes les formes de pauvreté, d’ici et d’ailleurs.

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Pour un moratoire immédiat des expulsions sans solutions de familles vivant en bidonville

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Paris, le 20 juillet 2015

Un grand nombre de bidonvilles est expulsé sans solution d’hébergement ou de relogement pour les personnes, dans l’indifférence estivale.

Une situation dramatique qui vient de frapper de plein fouet 450 personnes à Nantes, 180 personnes à Marseille dont la moitié sont des enfants, 500 personnes à Chelles, 150 personnes à Ris-Orangis, 100 personnes à Ivry-sur-Seine, 50 personnes à Aubervilliers, Bordeaux, le Havre et Logne…

Une situation dramatique qui pèse également aujourd’hui sur plus de 400 personnes à Grenoble dont 160 enfants, comme vient de le dénoncer le maire de Grenoble dans une lettre ouverte au Président de la République, mais aussi 240 personnes dont 100 enfants à La Courneuve, 300 personnes à Saint-Denis, 200 personnes à Bordeaux, à Nantes…

Chaque expulsion est un nouveau drame humain pour les familles qui sont forcées de trouver, en urgence, un autre abri de fortune sur un nouveau terrain ou dans les rues des grandes agglomérations en rompant avec toute attache territoriale. Ces opérations policières ont des conséquences humaines et psychologiques importantes pour ces familles sans cesse sous pression. Elles aggravent la situation des personnes en interrompant le suivi social et sanitaire organisé par les associations. Elles renforcent également l’exclusion de nombreux enfants en empêchant leur accès durable à l’école.

Chaque expulsion est un nouvel échec en matière de politiques publiques : qui peut encore croire que la destruction des bidonvilles fait disparaître la misère ?

Alors que cette politique répressive a montré toute son inefficacité, le Collectif National Droits de l’Homme Romeurope et le Collectif des Associations Unies demandent au gouvernement la mise en œuvre immédiate d’un moratoire sur les expulsions tant que des solutions dignes d’hébergement, de logement et d’accompagnement social ne sont pas proposées aux familles.

En France, en 2015, environ 20 000 personnes vivent en bidonville. L’accès à des conditions de vie dignes et à l’insertion est possible pour ces personnes si l’État et les collectivités locales se
mobilisent. Il n’en reste pas moins que la stabilisation des personnes et la sécurisation de leurs lieux de vie (accès à l’eau, à l’électricité, ramassage des ordures, sanitaires) sont les conditions indispensables pour qu’enfants et adultes accèdent à leurs droits (école, emploi, santé…). Comment suivre une scolarisation régulière, trouver et/ou garder un emploi et être suivi médicalement lorsqu’on est condamné à l’errance ?

A ce jour, la circulaire du 26 août 2012 qui prévoyait un accompagnement social et une anticipation des expulsions n’a pas produit les effets positifs attendus. Il est donc désormais impératif de rompre avec une approche fondée sur les expulsions systématiques qui finissent par créer les phénomènes qu’elles prétendent pourtant endiguer.

Le Collectif des Associations Unies et le CNDH Romeurope rappellent que notre République est fondée sur le respect de la dignité et des droits humains pour toutes et tous et qu’il est de notre devoir de proposer ensemble un accompagnement vers l’hébergement et le logement aux familles vivant aujourd’hui dans les bidonvilles.

Stoppons les expulsions sans solutions !

CONTACTS PRESSE :
FNARS : Céline Figuière, 06 16 85 95 09, celine.figuière@fnars.org
Fondation Abbé Pierre : Fleur Marquès-Bosio, 06 27 17 09 06, fmarques-bosio@fap.fr
CNDH Romeurope : Manon Fillonneau, déléguée générale, 06 68 43 15 15, manon.fillonneau@romeurope.org

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La misère ne se gère pas selon le froid, elle se combat toute l’année !

La misère ne se gère pas selon le froid,
elle se combat toute l’année !

CONFÉRENCE DE PRESSE
Mardi 31 mars – 11h00

Le 31 mars marque la fin d’une protection indispensable pour toutes celles et ceux dont les ressources ne permettent pas d’accéder ou de se maintenir dans un logement digne : c’est la fin de la trêve sur les expulsions locatives et la fermeture de certains centres d’hébergement d’urgence ouverts pour l’hiver.

Sans solution de logement ou d’hébergement stable, des milliers de personnes risquent de se trouver à la rue dès le 1er avril.
Les 34 associations réunies en Collectif dénoncent l’absurdité de cette politique aux conséquences sociales désastreuses et vous invitent à :

Une conférence de presse
Mardi 31 mars à 11h

Au centre d’hébergement Louvel-Tessier EMMAÜS Solidarité
36 rue Jacques Louvel-Tessier, 75010 Paris
Métro : Goncourt

Merci de bien vouloir confirmer votre présence auprès de :

EMMAÜS Solidarité : Juliette Baux 07 55 56 01 81
FNARS : Céline Figuière : 01 48 01 82 06 / 06 16 85 95 09
Fondation Abbé Pierre : Mighelina Santonastaso : 01 55 56 37 45 / 06 23 25 93 79
Secours Catholique : Catherine Coutansais : 01 45 49 73 40 / 06 74 95 55 19

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31 mars : fin de la trêve hivernale

31 mars : fin de la trêve hivernale
Quelles solutions pour les milliers de personnes expulsées de leur logement ou de leur centre d’hébergement d’urgence ?

Lundi 31 mars 2014 à 11h30

Conférence de presse du Collectif des Associations Unies
Centre d’hébergement d’Emmaüs Solidarité, 12 rue Blanche, 75009 Paris

Le 31 mars marque la fin de la trêve des expulsions locatives et la fermeture de certains centres d’hébergement d’urgence temporaires ouverts pour l’hiver. Faute de possibilités de se maintenir dans leur logement ou d’accéder à un logement pérenne adapté à leurs ressources, ce sont des milliers de personnes qui risquent d’être contraintes de vivre dans la rue dès le 1er avril.

En 2012, plus de 115 000 décisions de justice prononçant l’expulsion pour impayés de loyer ont été délivrées . Ce chiffre n’a jamais été aussi élevé et révèle la part croissante des ménages pris en étau entre les coûts du logement et la précarité de leurs ressources. Comment accepter dès lors que les Aides personnelles au logement (APL) soient partiellement gelées en 2014 ? Loin de répondre à la précarisation de notre société, la politique du logement à des prix abordables reste notoirement insuffisante. En 2013, 117 000 logements sociaux ont été financés, loin des objectifs annuels de production de 150 000 logements sociaux, sachant que l’on est par ailleurs loin d’avoir relogés les 20 000 ménages prioritaires DALO prévus par le gouvernement dans le cadre du plan de lutte contre la pauvreté. Alors que l’on vient de fêter les 7 ans du vote de la loi DALO, plus de 54 000 ménages reconnus prioritaires n’étaient toujours pas relogés au 1er décembre 2013 , alors que parmi eux 42 000 avaient déjà dépassé les délais d’attente réglementaires.

Dans ce contexte, le Collectif des Associations Unies réitère sa demande de moratoire temporaire et immédiat des expulsions locatives avec dédommagement des propriétaires. Il appelle également à la mise en place d’une réelle politique de prévention pour anticiper les ruptures en accompagnant les ménages dès les premières difficultés à payer leur loyer. Il demande à ce que l’entrée en vigueur de la loi ALUR soit rapidement accompagnée de moyens conséquents pour la mettre en œuvre (diagnostic social obligatoire, mobilisation des CCAPEX, déploiement de la GUL…).
Trop souvent, les personnes expulsées se retrouvent à la rue, sollicitant des dispositifs d’urgence déjà saturés. Or, en février 2014, la moitié des demandes d’hébergement au 115 n’ont pas trouvé de réponse . Malgré ce contexte extrêmement tendu, des centaines de places d’hébergement d’urgence ouvertes en automne vont être fermées au printemps, perpétuant la logique humanitaire de mise à l’abri des personnes et témoignant d’une gestion au thermomètre qui ne dit plus son nom. En effet, malgré l’annonce ministérielle de la sortie de la gestion hivernale de l’hébergement d’urgence, les données collectées par le CAU (lesquelles seront dévoilées lors de la conférence de presse) montrent le contraire sur les territoires. Certes des places d’urgence ont été créées, mais une fois encore pour certaines d’entre elles à titre temporaire et en inadéquation avec les besoins. De surcroit des gymnases, casernes, bâtiments préfabriqués, hôtels ont été ouverts épisodiquement pour accueillir les personnes sans-abri, trop souvent dans des conditions difficiles (promiscuité et manque d’intimité, errance le jour de personnes accueillies uniquement la nuit, absence d’accompagnement social…) et vont progressivement fermer à partir de la fin du mois de mars. La majorité des appelants au 115 en février étaient déjà connus des services, démontrant l’absence d’alternatives proposées aux personnes qui sont confrontées à un système de porte tournante dont ils ne sortent jamais.
Le Collectif appelle immédiatement à la fin de la gestion saisonnière de la grande exclusion et demande à ce qu’aucune personne hébergée dans le cadre des places hivernales ne soit remise à la rue sans solution de relogement ou d’hébergement avec un accompagnement adapté, quel que soit son statut administratif.
La Ministre de l’égalité des Territoires et du Logement s’est engagée à trouver des alternatives à l’hébergement hivernal précaire et hôtelier en activant tous les leviers permettant d’augmenter l’offre de logements disponibles pour les ménages à faibles ressources, notamment en mobilisant le parc privé disponible et tous les contingents publics. Nous attendons une communication publique présentant le bilan de la mise en œuvre de cet engagement car les acteurs associatifs n’observent pas de changement sur le terrain.

Face à la massification de la précarité, les associations demandent au gouvernement de mettre en œuvre une réelle politique du logement pour les ménages les plus fragiles autour des trois piliers incontournables que sont la prévention, l’hébergement et le logement.

Contacts presse :

Emmaüs Solidarité : Cécilia Clérel : 07 55 57 00 78
FNARS : Céline Figuière : 01 48 01 82 06
Fondation Abbé Pierre : Mighelina Santonastaso : 01 55 56 37 45 / 06 23 25 93 79
Ton

300 000 personnes sont sans domicile en France Métropolitaine.
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